A “toute vapeur” à travers les Alpes
Récit de notre guide:
Madeleine Vakkuri
A “toute vapeur” à travers les Alpes
Le train de la vie, c’est un petit train, qui va des montagnes de l’ennui aux collines de la joie. Gilbert BÉCAUD
Il fait beau sur toute la Suisse, comme si souvent cette année. Nos 44 participants des étapes d’Yverdon, Neuchâtel et Bienne attendent patiemment l’arrivée du car de Horner et Niklaus ou Nicolas notre sympathique chauffeur qui, nous l’apprendrons au cours du voyage, est un amoureux de l’Autriche et tout particulièrement du val de Ziller en hiver.
Après avoir franchi le Rhin, nous arrivons rapidement en Autriche dans le Voralberg, le plus petit des 9 Länder ou 9 régions autrichiennes. Il fait un temps splendide et nous décidons d’emprunter le col de l’Arlberg (1793) pour rejoindre le Land du Tyrol et la belle vallée de l’Inn, la rivière qui donna son nom à la capitale à la région, Innsbruck. Les discussions vont bon train à bord, nos hôtes s’émerveillant à la vue des villages aux chalets fleuris, des magnifiques montagnes et paysages variés. A une quarantaine de kilomètres à l’est d’Innsbruck, nous entrons dans la plus large vallée de l’Inn, le val Ziller ou Zillertal qui compte 25 communes et environ 35.000 habitants. Cette vallée vit principalement du tourisme et accueillit quelque 2,5 millions de touristes (7,5 millions de nuitées) en 2017. Bientôt, nous arrivons au village de Hippach où se trouve l’hôtel Garberwirt, notre confortable et accueillant petit hôtel, géré par le père chef de cuisine et sa fille. Les chambres, entièrement restaurées, sont grandes et très propres. A notre grande surprise, la femme de chambre transforme tous les jours nos linges de bain sous la forme de cœur, cygnes ou fleurs qu’elle dépose délicatement sur nos lits. Au petit déjeuner, nous choisissons un des quatre plats principaux proposés et le soir nous nous réjouissons de nous mettre à table, après un apéritif, naturellement !
Quelle chance, le temps est au beau fixe. Une nuit réparatrice dans un bon lit, un excellent buffet petit déjeuner et Nicolas est devant l’hôtel avec son car pour nous emmener à la gare de Mittersill, dans le land de Salzburg au Tyrol. Nous roulons sur de belles routes de montagne, admirons les villages aux maisons et petits hôtels fleuris, empruntons le col Thurn, traversons la fameuse station de Kitzbuehl et les Alpes du même nom. Finalement, nous arrivons à temps à Mittersill pour photographier la locomotive du Pinzgaubahn, le petit train à vapeur dont le premier voyage eut lieu le 1er février 1898. Pourtant, après les inondations de l’été 2005, qui emportèrent la ligne en de multiples endroits, l’avenir du Pinzgaubahn était incertain. Mais, à la requête des stations touristiques de Zell am See et Kaprun et celle de Krimml, la compagnie des chemins de fer et les autorités acceptèrent de mettre la main au porte-monnaie. Aujourd’hui à nouveau, le petit train longe le parc national des Höhe-Tauern, le plus grand parc national des Alpes. Du petit train, on comprend facilement que la vue sur le parc national et les montagnes fut un argument de taille pour convaincre les réticents du bien-fondé de la remise en état de la voie de chemin de fer pour attirer des touristes du monde entier. La ligne sera rouverte en 2009, pour le plus grand bonheur de tous petits et grands ayant gardé une âme d’enfant ! Nous laissons derrière nous la région du Grossglockner pour entrer dans le massif des Grossvenediger, des Alpes centrales et leurs glaciers. Nous côtoyons la rivière Salzbach (rivière de sel), qui donna son nom à la ville de Salzbourg. La vallée se rétrécit et devient plus sauvage avant l’arrivée à Krimml à 1067 m d’altitude. Nicolas nous attend pour nous conduire jusqu’au parking du parc national du Hohe Tauern et des cascades de Krimml. C’est à pied, chacun à son rythme, que nous arriverons jusqu’à l’extraordinaire cascade de Krimml d’une hauteur de 385 m. Elle est considérée comme la plus haute d’Europe. Le site est bien aménagé et permet aux moins bons marcheurs d’approcher les chutes et de les photographier. Pour les sportifs, ils peuvent atteindre les différents belvédères en un peu plus d’une heure.
La journée continue en car jusqu’à la ville de Zell am See connue comme lieu de villégiature et station de ski. Le bateau nous attend pour une mini croisière sur le beau lac de montagne Zeller. A bord, un apéritif et des amuses bouches sont servis par un personnel bienveillant. C’est dans la bonne humeur que nous rentrons à l’hôtel en empruntant une autre belle route de montagne. Le Tyrol est fier de ses paysans qui démontrent une passion pour la décoration florale de leur ferme, mais nous n’apercevons aucun jardin potager, ce qui surprend nos hôtes suisses.
La météo nous promet une autre belle et chaude journée. Après une jolie balade découverte de Hippach, tous les participants sont prêts avant l’heure. Est-ce la fièvre du voyage ? En effet, aujourd’hui, c’est avec le train à vapeur du lac d’Achen, « l’Achenseebahn », le plus ancien chemin de fer à crémaillère au monde, mis en circulation en 1889 et fonctionnant exclusivement à vapeur, que nous allons parcourir les 440 mètres de dénivelé qui séparent la gare de Jenbach au Seespitz soit 7 km de pentes à 16% en un temps record de 50 minutes ! Par moment, nous avons souffrons parce que cette belle grand-mère de 129 ans toussote et râle. Nous pensons la pousser ou descendre du wagon pour alléger son affliction. On se dit « pourvu qu’elle arrive à destinations… et qu’elle puisse avoir encore de nombreuses et belles années devant elle » ! A l’arrivée à 1200 m, Nicolas nous attend et nous conduit jusqu’à Pertisau, jolie bourgade au bord du plus grand lac du Tyrol surnommé « la mer du Tyrol », l’Achensee. A notre grande joie, nous arrivons juste à temps pour voir l’arrivée de la désalpe. Elles sont accueillies avec de la musique tyrolienne par le maire et le curé de la bourgade ainsi qu’une foule innombrable de touristes qui les photographient, les caressent et font des selfies avec ces têtes couronnées. En effet, quelles sont belles avec leur cloche et leur tête coiffée de fleurs, guirlandes et dessein ou photo de la sainte patronne dont elle porte le nom ! Nous aussi, nous allons faire la désalpe, mais en sens inverse et… en car jusqu’au pâturage de Gramai dans le parc naturel de Karwendel. A l’hôtel restaurant du parc, nous dégustons le « Kaiserscharm » traduites par omelette de l’empereur, un dessert typique de la région.
Les visites de la journée terminées, nous reprenons le car et grâce à un de nos photographes amateurs, nous avons le plaisir d’écouter les vaches et leurs cloches, sur le chemin du retour.
Il a beaucoup plu pendant la nuit, mais la météo maintient qu’il ne pleuvra pas de la journée ; ce qui se révéla juste ! C’est donc par une journée automnale et grise que nous quittons Hippach, notre agréable camp de base, pour nous rendre en directions de la gare de Fügen, la première ville du val de Ziller, en arrivant de la route d’Innsbruck. A l’entrée de la ville, nous admirons une fois encore la superbe et énorme scierie.
Aujourd’hui, nous faisons connaissance d’une « jeunette », mise en service en 1902 par la compagnie Zillerbahn. Nous avons un peu de temps pour photographier cette superbe locomotive avant de rejoindre l’avant dernier wagon réservé au groupe de la route 44. Le schnaps local et Wolfgang, l’accordéoniste du train font « chauffer » les hôtes des différents wagons. Il s’avère que notre musicien tyrolien apprécie tout particulièrement les groupes de chanteurs et même de danseurs caar-tours ! Malheureusement, nous avons à peine le temps d’apprécier l’ambiance à bord et le charme du Val de Ziller sans soleil que déjà nous arrivons à Mayrhofen. Nous avons parcouru la trentaine de kilomètres qui séparent Fügen de Mayrhofen en une petite heure. C’est à pied que nous partons à la découverte de ce typique village du Tyrol du domaine skiable de Mayrhofen et Hippach qui propose 136 km de pistes sur plus de 1800 m de dénivelé sur les secteurs de Penken et Ahorn. Mission accomplie. Grâce à Nicolas, nous trouvons la boutique qui vend le fameux schnaps du Zillertal, le « Meisterwurz » que deux hôtes de car-tours ont loué pour ses qualités digestives !
En début d’après-midi, nous entreprenons la dernière visite au programme de ce voyage. Rattenberg (la montagne des rats) la plus petite ville d’Autriche. Cette cité médiévale du Tyrol, entre les rivières Inn et Schlossberg est connue pour ses maisons colorées si joliment restaurées, ses souffleries de verre. Et, c’est par la visite d’une soufflerie et son magasin que nous commençons la visite de la ville et de sa rue principale piétonne. Un peu de temps libre pour se balader ou boire un café, chocolat chaud ou apérol et c’est déjà le moment de reprendre la route pour Hippach. Ce soir, le patron de notre hôtel nous a préparé un buffet paysan tyrolien de derrière les fagots.
Dimanche matin, retour en Suisse. Il fait gris dans le Zillertal mais la bonne humeur est déjà palpable au petit déjeuner. Ce séjour enchanteur a passé si vite, mais combien de souvenirs de locomotives et trains d’un autre âge, de paysages soignés, de fermes et chalets fleuris emportons-nous ! A peine avons-nous quitté l’Autriche pour entrer au Liechtenstein puis en Suisse que nous retrouvons le soleil et le vent. Nous ne rencontrons que peu de trafic sur l’autoroute qui nous emmène du beau lac de Walensee aux alentours du lac de Zurich en direction de Bienne et la Suisse romande. C’est avant l’heure prévue que nous arrivons à destination. Nos participants sont enchantés de leur beau séjour « à toute vapeur dans le Tyrol autrichien et le val de Ziller » et nous nous promettons de nous revoir au cours d’un autre voyage car-tours….
Un grand merci à tous pour votre bonne humeur et votre joie de mettre les pieds sous la table du restaurant Garberwirt de Hippach.
A très bientôt.
Madeleine