Carnaval de Venise avec Anna Carabotti

Carnaval de Venise

Nous déambulons dans la Sérénissime où se promènent de très beaux et nombreux masqués. Donatella nous amène ensuite dans une étroite ruelle où se trouve un bâtiment doté d’un escalier en colimaçon extérieur. Et là aussi, celui-ci laisse apparaître aux fenêtres des personnages hauts en couleurs !!! A Venise, dans la période de la Sérénissime, les excès du carnaval ont été tolérés par les gouvernements pour trouver un équilibre entre d’une part, l’ordre et la bienséance voulue pour la ville et, d’autre part, la nécessité d’apaiser les tensions sociales en donnant gratuitement des loisirs, même pour les milieux les plus défavorisés, afin de prévenir troubles ou émeutes. Les raisons du succès et de la réussite du carnaval de Venise depuis la renaissance (et peut-être même avant) étaient à la fois politiques et économiques. Le peuple, qui aimait les fêtes et les divertissements publics, trouvait dans le carnaval l’amusement et le plaisir, mais il y trouvait surtout une liberté d’expression qui n’existait nulle part ailleurs. On pouvait critiquer et se moquer de qui on voulait comme on voulait : pendant le carnaval, la République aristocratique devenait démocratie sous la forme du rire et de la joie. Les règles de préséance s’effaçaient, seule la fête du carnaval rassemblait tout le monde sous sa bannière. Le défoulement du carnaval était un facteur de paix sociale. Après 2 heures d’excellentes explications et enseignements intéressants fournis par la guide, celle-ci nous libère afin de découvrir Venise librement. Nous pouvons dès lors admirer tous ces beaux masques qui se promènent en toute grâce. Ils se prêtent gentiment aux prises de photos en prenant la pause. Des sourires sont partagés en guise de remerciements. Dans les ruelles de Venise, on se sent comme transporté dans une autre époque et la ville est un véritable régal pour tous les sens. Contrairement à d’autres villes réputées pour leur carnaval « bruyant », à Venise il se dégage une atmosphère d’élégance et de calme. Un calme loin des pétards et autres bruits carnavalesques. Si ce n’était le tumulte provoqué par la dense foule, on se serait crû à un défilé de mode des années de la noblesse vénitienne dans un salon feutré en toute intimité.

A l’écart de la place San Marco, dans une petite ruelle adjacente, nous dénichons une « osteria » où nous dégustons un succulent foie de veau à la vénitienne. Qui plus est dans des prix tout à fait convenables. Un tour en gondole, voilà le moyen idéal pour échapper à la foule, et se promener au fil de l’eau sur les différents canaux. De là, une vue tout autre pour s’imprégner du carnaval. Il faut remonter au XIe siècle pour croiser les premières gondoles à Venise. Celles-ci avaient été instaurées par les autorités afin de faciliter le déplacement des riverains. Rapidement, ce mode de transport peu coûteux est devenu très populaire. La balade terminée, nous replongeons dans la foule pour retrouver les autres participants et se réunir pour prendre le bateau du retour en admirant au passage les beautés que nous offrent la tombée du jour. Au moment de l’embarquement la densité de la foule s’est faite fortement sentir, compressés que nous étions en approchant des quais. Mais par chance tout le monde a pris un bateau sans trop de mal vers 20h00. A Lido di Jesolo la guide a eu l’excellente idée de réserver le souper (pas prévu à l’hôtel) du samedi pour près de 40 personnes dans un restaurant. Ce fut un succulent repas partagé dans un endroit charmant. Ceci a agrémenté de fort belle manière la soirée, puisque Lido di Jesolo, station balnéaire très réputée de l’Adriatique, en cette période de l’année ne jouit pas de la belle affluence estivale. Dimanche, même parcours le matin, car jusqu’à Punta Sabioni. Là nous attendent Emanuela et 2 autres guides locales pour nous accompagner en bateau sur les îles de Burano et Murano. A nouveau équipé d’écouteurs, elles donnent à leur groupe respectif, de très intéressantes explications sur les îles et la ville de Venise. L’occasion aussi de découvrir la splendeur de la lagune vénitienne. La lagune de Venise s’étend sur près de 50 kilomètres, une lagune dont l’eau est renouvelée deux fois par jour au rythme des marées avec une faune et une flore méditerranéenne de toute beauté. Torcello fut l’une des premières îles habitées de la Lagune de Venise, et ce dès le Ve siècle. Ce n’est que plusieurs siècles plus tard que les habitants de Torcello délaissèrent cette île pour s’installer à Venise même.

Quelques participantes ont osé le masque ce matin… Première étape Burano, charmante petite île aux maisonnettes colorées. Burano est l’île des dentellières mais aussi une île de pêcheurs encore en activité aujourd’hui dans la Lagune de Venise. Le charme se trouve à chaque coin de rue ou de canal à Burano, des centaines de petites maisons de toutes les couleurs en font un extraordinaire tableau vivant C’est là que bon nombre d’entre nous dégustons les « Frittelle Veniniziane » biscuits de carnaval. Après cette petite escapade dans les ruelles de Burano, nous reprenons le bateau pour nous rendre à Murano, célèbre dans le monde entier pour sa longue tradition de fabrication du verre. Lors de la visite d’une verrerie nous observons un souffleur de verre à l’œuvre. Murano, cet archipel d’environ un kilomètre carré fait partie de Venise depuis 1924 et se compose de sept îles. Elles sont reliées par des ponts. De nombreux canaux traversent cette partie de la ville et lui donnent son aspect typiquement vénitien. Elle est surtout connue pour son art verrier. Beaucoup des quelques 5000 habitants travaillent dans l’une des verreries traditionnelles et exportent leurs produits dans le monde entier. Le tourisme qui s’est développé en conséquence est devenu une autre source importante source de revenus pour la population. Après un quart d’heure de démonstration, nous avons tout loisir d’aller admirer dans les salles d’exposition les très belles créations faites artisanalement dans le verre soufflé et coloré. Le spectacle est fantastique. Mais voilà qu’il est déjà l’heure de reprendre le bateau pour aller une dernière fois à Venise. L’occasion de prendre encore un verre… (à boire cette fois) ! ou s’imprégner encore un peu de cette ville merveilleuse qu’est Venise. 17h… nous regardons s’éloigner Venise. Même pour ces deux jours, le soleil s’était pris au jeu de carnaval, puisqu’il s’était masqué dans un joli voile de brouillard rendant l’ambiance encore plus féérique. Ciao Serenissima !! Après le petit déjeuner du 4e jour, retour en Suisse, la tête pleine de merveilleux souvenirs et les bagages remplis de masques divers et autres objets nous rappelant ce très beau voyage. En montant en direction du tunnel du grand St-Bernard nous admirons les montagnes enneigées et le soleil pleinement retrouvé.

Anna Carabotti