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La Dolce Vita & Co. en Italie

Récit de voyage du 25 au 30 octobre 2019 | Bus no. 27                          

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La Dolce Vita

 

La Dolce Vita… Non, nous n’étions pas à Rome, mais en Emilie Romagne. Non, nous n’avions pas Anita Ekberg comme guide locale, mais Eliza la brune et Raffaella la blonde. Et non, le beau brun ténébreux n’était pas Marcello Mastroianni mais Dani.

 

Mais, qu’est-ce la Dolce Vita au juste? L’expression a été popularisée par Fellini dans le film du même nom. Certains diront « C’est se laisser aller, vivre d’amour et d’eau fraîche, vivre au jour le jour sans trop se poser de questions… ». Alors que d’autres évoqueront le  parfum de Dior. A chacun son petit plaisir.

 

De Fribourg à Sion, en passant par Bulle et Martigny, nous retrouvons 42 personnes prêtes à partir pour la Dolce Vita. C’est par une matinée d’automne glorieuse que nous empruntons le col du Simplon. Les mélèzes couleur or, le gris brillant des parois rocheuses et vallées latérales, les cascades nées des grosses pluies des jours passés, les villages presque désertés, ainsi que les sommets enneigés provoquent l’extase. Je ne sais plus qui commença à fredonner la chanson de Jean Ferrat la Montagne… Que la montagne est belle. Comment peut-on s’imaginer- En voyant un vol d’hirondelles- Que l’automne vient d’arriver?

 

Les kilomètres défilent… Nous quittons la région du Piémont, des rizières et « du slow food » pour entrer dans la riche et fière Lombardie et finalement, c’est la région d’Emilie Romagne située entre le fleuve Pô, les Apennins et la mer Adriatique, qui adoucit le climat et fait de ses terres les plus fertiles d’Italie. Enfin, Rimini et le Sole mio, notre point de chute pour 5 nuits. Le vin blanc chaud, les glaçons inexistants, le potage de légumes et la pomme du dessert offrent vitamines et un ventre léger, pour une nuit somme toute paisible !

 

A notre réveil, pas un nuage… Quelle belle journée en perspective, et elle le fut. Non loin de Rimini, Santarcangelo, une jolie petite ville moyenâgeuse que nous découvrons en nous promenant dans ses ruelles avant d’aller « gagner notre repas » sur la colline des poètes… La patronne ainsi que sa fille et quelques cousines nous attendent de pied ferme pour nous apprendre à faire les tagliatelles que nous allons déguster à midi avec quelques vini spumante, rouges, blancs, tous produits des collines de la ferme des poètes. L’ambiance est conviviale, le travail a été dur, mais productif puisque les tagliatelles sont délicieuses. Certains messieurs pensent passer la recette à leurs petits-enfants lors de leur prochaine visite ! C’est dans la bonne humeur que Dani, notre excellent chauffeur, nous conduit vers la sérénissime république de SaintMarin  ou San Marino en italien.  La plus petite et ancienne république encore existante au monde est un micro territoire indépendant de 61 km2 perché au haut de la colline Titano. Son histoire remonte au 3ème siècle, dit-on, lorsque le tailleur de pierres Marius craignant les persécutions des chrétiens à Rimini prit la fuite et se réfugia avec quelques personnes sur la colline. L’histoire de cet état fut toujours liée aux beaux jours et aux malheurs de l’Italie. Mais, contre vents et marées, elle sut préserver son indépendance jusqu’à aujourd’hui. La capitale de la république installée sur un versant du mont Titano abrite encore une vieille fortification médiévale, des ruelles étroites et pavées où d’innombrables échoppes vendent parfum, alcool, cigarettes, sacs, lunettes et vêtement à meilleurs prix. Saint Marin n’ayant pas de TVA.

 

Après un petit déjeuner frugal, départ pour nos visites gastronomiques du jour. C’est dans une jolie propriété dans la campagne de Modène que nous allons (presque) tout apprendre sur le vinaigre balsamique de la famille Giusti, qui depuis 1605, élabore ce trésor. La 17ème génération Giusti garde secrète la recette de l’aïeul, mais nous fournit des informations sur la fabrication, les tonneaux et la mise en bouteille de cet or noir certifié par le Consortium du Vinaigre balsamique de Modène, avant de nous faire déguster certains de ses vieux vinaigres balsamiques ainsi que certaines spécialités plus récentes.

Nous continuons notre route en Emilie vers le lieu appelé Lesignana di Modena où nous allons assister à la naissance du roi des fromages italiens, le Parmesan Reggiano de la fromagerie 4 Madonne. La guide nous explique, dans les salles et caves que nous traversons, les différentes étapes qui conduisent à la production et à l’affinage pendant au moins 12 mois, préférablement 24, 36, 48 mois de ce fameux fromage. Le véritable Parmigiano Reggiano, protégé par une AOP, est ainsi le seul fromage que l’on puisse nommer “parmesan”. La guide de la fromagerie 4 Madonne nous parle des vaches rouges (Vacche Rosse) qui ne se nourrissent que d’herbe et de foin ne contenant pas d’OGM. Elles produisent du lait en quantité réduite. Pour ces raisons, le parmesan Vaches rouges offre des saveurs plus délicates et est considéré comme la perle rare des parmesans. Le parmesan de vaches brunes (Vacche Bruna), est le plus doux avec un goût aux notes beurrées. Quant au parmesan classique, de vache blanche (Vacche Blanca), il possède un goût fruité et salé très caractéristique (Edélices). Des photos nous rappellent le tremblement de terre du 20 février 2012 qui détruisit en partie la fromagerie et les caves des 4 Madonne. Mais, comme le dit la chanson du « Vieux chalet » des Fribourgeois, la fromagerie fut rebâtie plus belle qu’avant !

Et, c’est au Salumificio  La Perla que nous terminons, en apothéose, ces visites de spécialités mondialement connues de l’Emilie. Depuis plus de 20 ans, la famille Lafranchi se consacre à l’élaboration du « crudo di Parma » connu chez nous sous le nom de Jambon de Parme, un AOP délivré par le consortium du Jambon de Parme. Le jambon et autres produits tels que le salami, la coppa, le lard proviennent tous de porcs italiens élevés dans 10 régions du centre-nord de l’Italie et exclusivement des races Large White Landrance et Duroc. Seul le sel sans autre adjuvant est accepté pour la salaison. Le sel sec pour les parties de la cuisse qui sont humides et le sel humides pour les parties sèches. La cuisse est ensuite installée dans un frigo pendant une semaine à une température de 1 à 4o maximum. Ensuite la cuisse est nettoyée du sel original et légèrement salée avec du gros sel et mise à nouveau à réfrigérer pour environ 15 – 18 jours. La troisième phase va durer entre 60 et 80 jours à environ 5o pour respirer sans trop s’humidifier ni trop sécher. Ensuite, le jambon est lavé à l’eau tiède pour évacuer les résidus de cristaux de sel et autres impuretés. Les fenêtres sont ouvertes pour exposer les jambons à la température ambiante naturelle des journées ensoleillées et ventilées. Au 7ème mois, les jambons sont transférés dans la cave de stabilisation. Durant cette période, un important processus « enzymique » et biochimique déterminera les caractéristiques et la saveur du jambon de Parme. Ceux-ci apparaitront lors du sondage effectué par le Chef, à 5 endroits bien précis du jambon. Pour terminer, après 12 mois et une perte de poids d’environ 30 à 35%, le jambon de Parme recevra ses dernières lettres de noblesse des inspecteurs de l’Institut de Qualité de Parme qui apposeront la couronne à 5 points, la reconnaissance légale du Consortium du Jambon de Parme et de la loi du l’union européenne sur la qualité des produits  (L. 26 du 13 février 1990 et D.L. 253 du 15 février 1993). A la suite de toutes ces visites, il est temps de déguster les produits de La Perla. Une belle assiette de charcuterie et du vin rouge Sangiovese et le fameux Lambrusco pétillant nous attendent. Encore quelques achats de charcuterie et jambon de Parme et c’est dans la très bonne humeur et les rires que nous rentrons à l’hôtel. La charcuterie et la convivialité soudèrent d’avantage les participants du bus 27 et le maigre repas de l’hôtel n’entama pas trop la bonne humeur.

 

Notre 4ème journée commence par la visite d’une huilerie. C’est la saison de la récolte et nous avons la chance de voir les olives fraichement récoltées qui vont être pressées dans les heures qui suivent. Cette petite entreprise familiale a débuté il y a une cinquantaine d’années grâce à l’argent gagné en France et économisé par le grand-père, toujours présent et actif à l’âge de 85 ans, que l’huilerie de la famille Paganelli existe. A ses débuts elle comptait quelques centaines d’oliviers  alors qu’aujourd’hui les Paganelli sont propriétaires de 3500 oliviers. C’est le grand-père qui nous accueille avec ses pitreries, mais c’est son fils qui va nous faire la visite et nous donner les explications sur l’élaboration de l’huile d’olive extra-vierge et des différents produits que la famille a mis au point grâce à des idées provenant de clients et avec l’aide de l’institut de cosmétiques bio de la région. Certains de nos messieurs ont particulièrement apprécié les crèmes antirides et l’anticerne. La dégustation a lieu autour de la table familiale, à côte de la cuisine. Nous goûtons plusieurs huiles d’olive pures ou assaisonnées de citron, romarin et peperoncini ainsi que d’une petite crêpe arrosée d’huile d’olive aromatisée à l’huile essentielle de mandarine. Le tout dans une ambiance sympathique.

 

Maintenant que les visites gastronomiques sont terminées, place à l’histoire avec un grand H et à la Culture avec un grand C. C’est à Ravenne, la capitale de l’empire romain d’occident à partir de  402 et souvent appelée la ville aux mosaïques, que nous allons, en compagnie de notre guide locale Raffaella nous instruire. Depuis le premier jour de voyage, notre doyen de 89 ans nous parle de Ravenne et de la basilique San Vitale (Saint-Vital) qu’il n’avait pu visiter lors d’un précédent voyage (pas de car-tours) !!! Son vœu sera exhaussé après la pause de midi. La basilique San Vitale est le monument le plus représentatif de l’architecture et de l’art byzantins en Europe occidentale. Sa construction fut commencée en 526 et terminée en 547. Cet édifice construit en briquettes combine des éléments architecturaux romains (le dôme, la forme des portails, les tours) avec des éléments byzantins (l’abside polygonale, les chapiteaux, les mosaïques). L’église est d’une importance majeure, car elle n’a subi aucune transformation jusqu’à ce jour. Les mosaïques nous donnent une idée sur la somptuosité du style qui prévalait dans la première période de l’art byzantin. Ces mosaïques ont valu à la ville de Ravenne d’être inscrite au patrimoine mondiale de l’Humanité de l’UNESCO depuis 1996.  Le petit et modeste mausolée de Galla Placidia date de la première moitié du 5ème siècle. Galla devint impératrice à la mort de son frère, l’empereur Honorius. Elle a eu droit à ce bel édifice de style paléochrétien en forme de croix latine pour sa sépulture. Ce qui fait la célébrité du mausolée ce sont ses mosaïques, les plus anciennes de Ravenne et réputées pour leur finesse et l’étendue des coloris, surtout les bleus profonds (de lapis lazuli) et les décorations géométriques, animales et végétales. Nous terminons les visites mosaïques par la Basilique Saint Apollinare Nuovo qui  abrite de monumentales fresques de mosaïques byzantines très bien conservées : des vierges d’un côté, des martyrs de l’autre. Il y aurait encore beaucoup à voir et faire à Ravenne, mais le temps manque… Après un bref coup d’œil au mausolée et tombeau de Dante Alighieri, écrivain (la Divine Comédie), penseur et homme politique né à Florence en 1265 et mort le 14 septembre 1321 à Ravenne. Il est, avec Pétrarque et Boccace, l’un des pères qui imposèrent le toscan comme langue littéraire à l’unité italienne de 1860.

 

Aujourd’hui la météo annonce de la pluie à Bologne l’après-midi. Nous décidons de la visiter avant Modène. Le trafic est intense aux abords de Bologne, chef-lieu de la région Emilie- Romagne, mais rien d’anormal. Cette ville a plusieurs surnoms : La Dotta, la savante, la Rossa, la rouge, en raison des briques de terre cuite et aussi son esprit politique très à gauche et finalement la Grasse (la grasse) pour son excellente cuisine comme les tortellini al ragu (à la bolognaise, en français).

Après une promenade sous les arcades, il y en a environ 30 km dans cette ville, nous arrivons à la Place Majeure (Piazza Maggiore) où se trouvent aussi l’hôtel de ville, la fontaine de Neptune et la basilique San Petronio, la plus grande église gothique de briques du monde qui devait dépasser la basilique Saint-Pierre de Rome, mais elle ne fut jamais achevée comme le témoigne la  façade. Les riches se construisaient des tours au moyen-âge, signe de prestige et de défense. Malheureusement, il n’en reste que très peu de nos jours, juste deux pour les photos. Après la visite de la basilique et avant de trouver un petit restaurant, nous nous promenons dans le Quadrilatère, le quartier gastronomique de la ville, situé à l’est de la Piazza Maggiore. Bologne est l’une des villes où l’on mange le mieux en Italie et pour une fois nous avons prévu un peu de temps pour se restaurer, car la pizza party à l’hôtel ce soir n’aura pas lieu. On a faim, à force de regarder les vitrines des épiceries qui abondent de charcuteries, de pâtes, de fromages et autres gâteaux.

Encore une heure de route et nous arrivons à Modène connue pour son vinaigre balsamique, pour les voitures de sport Ferrari et Lamborghini ainsi que le musée Enzo Ferrari sans oublier Luciano Pavarotti, le ténor qui a su faire aimer l’opéra à Monsieur de tout le monde, qui est né et mort à Modène. Nous, nous nous rendons à pied du parking jusqu’à la belle place de la cathédrale ou Duomo que nous visitons et admirons la Torre Ghirlandina (Tour de la guirlande), le campanile de la cathédrale, le symbole de la ville. En route nous admirons le petit théâtre où Pavarotti a débuté sa carrière. A la suite de ses visites, nous rentrons à l’hôtel où nous retrouvons les 9 personnes qui ont préféré passer la journée à Rimini. Ce soir, il y aura à nouveau des penne sauce tomate et…. une tranche de drôle de pizza à la sicilienne.

 

C’est déjà le retour en Suisse. Il pleuvine à Rimini. Quelle chance nous avons eue pendant les cinq premiers jours de notre voyage ! J’étais la seule à ouvrir mon parapluie de couleurs pour me faire voir de loin. Avant de franchir le col du Simplon, nous nous arrêtons au Motel Europa pour un bon repas, le premier vrai bon repas du voyage, que certains messieurs termineront par une Grappa Riserva. Je ne sais pas si c’est le soleil que nous retrouvons au Simplon ou la Grappa qui donna l’élan à notre doyen de se transformer en chanteur. A 89 ans, il est le seul à connaître les paroles de toutes les chansons qu’il entame et que la chorale Dolce Vita 27 accompagne.  L’ambiance à bord est joyeuse et conviviale quand onze passagers nous quittent à Sion. Nous continuons vers Martigny, Bulle et c’est finalement à Fribourg que nous déposons nos derniers voyageurs.

 

Merci Dani, notre chauffeur impeccable, pour ta bonne humeur, ton français amusant et ta collaboration. Je repartirai volontiers avec toi pour accompagner un des nombreux beaux voyages car-tours que vous voudrez bien faire avec nous !

 

A vous tous, je vous souhaite un bel automne et espère vous retrouver.

A presto e arrivederci.

Madeleine

 

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